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La taxonomie de Bloom n’est pas pensée pour l’apprentissage

C’est d’abord une taxonomie de l’évaluation.


Cet article fait suite à 2 articles déjà publiés sur les critiques adressées à la taxonomie de Bloom révisée. Critiques qu’il convient de comprendre.

Article 1  Les critiques portent sur la fragmentation inhérente à l’utilisation de la taxonomie et sur la part trop belle qui est faite aux niveaux supérieurs. 

Article 2  Les critiques portent sur les racines béhavioristes et sur la hiérarchisation en 6 niveaux.


« La taxonomie de Bloom n’est pas pensée pour l’apprentissage. »

Ce titre est un brin provocateur (car dans les faits on peut bien entendu se baser sur la taxonomie de Bloom révisée pour penser l’apprentissage). 

Mais il est important d’écouter et de comprendre les idées que renferme cette pensée critique.

L’intention est naturellement de ne pas s’enfermer (en tant que formateur) dans de fausses croyances ou dans de mauvaises pratiques. 


Lizzy Steenkamp explique cette critique dans son article du 30 avril 2024 intitulé « The trouble with Bloom’s taxonomy » où elle affirme « C’est une taxonomie de l’évaluation et non une taxonomie de l’apprentissage ».

Quand on étudie cet article, on comprend que la taxonomie n’a pas été pensée pour dessiner (échafauder, dans le sens du socio-constructivisme de Lev Vygotsky) une progression pédagogique et/ou un apprentissage mais qu’elle a d’abord été pensée pour évaluer la progression pédagogique. Ce qui est tout à fait vrai. Bloom s’est intéressé à l’évaluation (assesment en anglais).

En clair l’idée exprimée est « oui » à la taxonomie pour évaluer et « non » pour apprendre ou pour enseigner.


Essayons de décrypter. La révision de la taxonomie par Anderson et Krathwohl (en 2001) a introduit une dimension d’apprentissage qui n’était pas présente dans la taxonomie de Bloom originale. 

C’est un sujet que nous avons déjà abordé : introduction des connaissances métacognitives, changement au sommet de la taxonomie avec « créer »qui devient le niveau supérieur, niveaux désignés par des verbes pour souligner l’orientation apprentissage et processus mentaux.

Ces apports introduits par Lorin Anderson et David Krathwohl sont très intéressants pour élaborer une activité (autour de « comprendre » ou « d’appliquer » par exemple) mais il convient de ne pas penser (prendre au pied de la lettre) le fait que la taxonomie doit être le reflet (ou le chemin tracé) de l’apprentissage visé par le formateur, ou vécu par l’apprenant.

Un apprenant peut très bien commencer par analyser (niveau 4) ou appliquer (niveau 3) avant de se questionner sur la compréhension (niveau 2) qu’il a du sujet. Son parcours cognitif n’est pas obligatoirement le reflet de la taxonomie.

L’objectif pédagogique et son niveau dans la taxonomie ne doit pas non plus enfermer le formateur. L’objectif pédagogique n’est qu’une balise, un point de repère pour évaluer la progression.


À noter : l’apprentissage peut emprunter la logique de la taxonomie de Bloom révisée dans un sens montant (hiérarchique) comme il peut le faire dans un sens descendant (l’expérimentation précédant la compréhension). L’usage n’est donc pas figé.


Pour conclure : cette critique de la taxonomie de Bloom révisée est très intéressante pour bien remettre la taxonomie à sa place. C’est d’abord un outil au service du formateur pour l’aider à penser évaluation.

Et c’est un construit intéressant pour le guider dans ses réflexions sur l’apprentissage et sur les processus mentaux (cognitifs) que va ou que peut emprunter l’apprenant.

Ce n’est pas et ce ne doit pas être un cadre rigide ou un outil d’enfermement.

Ne pas être le prisonnier de la Taxonomie de Bloom révisée