La taxonomie de Bloom (désormais taxonomie de Bloom révisée) a de nombreux utilisateurs et supporters (j’en fais partie).
Elle est (nous sommes en 2025) très utilisée en formation initiale et en formation des adultes. C’est d’ailleurs la taxonomie que j’utilise et conseille en formation de formateurs.
Mais comme tout concept (puisque cela en est un), elle n’est pas exempte de critiques. Et il est intéressant de lire et d’étudier ces critiques. Elles sont généralement pleines de bon sens et peuvent nous aider à cheminer et à grandir (à perfectionner notre compréhension) au pays de la pédagogie.
Deux des critiques les plus souvent formulées sont les suivantes :
- Elle fragmente le processus d’apprentissage en des objectifs (issus des 6 niveaux) qui finissent par ne plus faire sens individuellement.
- Les 6 niveaux proposés font une part trop belle aux niveaux supérieurs (analyser et évaluer notamment), aux dépends des 2 premiers niveaux (se rappeler et comprendre).
En fait, la première critique fait plutôt référence aux fondements de l’approche par objectifs (APO). Ce n’est pas une critique propre à Bloom. Et c’est un choix assumé par le formateur.
Pour rappel, en APO le formateur part d’une compétence (qui se trouve dans le domaine opérationnel) et il la décompose en une somme de connaissances à maîtriser pour qu’elles deviennent capacités puis compétence.
Il y a donc bien décomposition, fragmentation et choix. Et le risque d’obtenir des fragments déconnectés de l’objectif initial (la compétence visée) existe bien.
La seconde critique est elle aussi justifiée.
Oui, les niveaux supérieurs (que l’on qualifie parfois de métacognitifs) sont surreprésentés. Et les formateurs doivent en tenir compte lorsqu’ils conçoivent une formation. Il faut en général passer plus de temps sur les niveaux bas (notamment sur le niveau 2 « comprendre »).
C’est un sujet qui a déjà été évoqué dans un article précédent. Dont voici le lien.
Pour conclure :
- Tout formateur doit garder un certain recul sur son travail et sur ses choix de décomposition lorsqu’il conçoit une formation. L’idéal est d’élaborer (en APO) un escalier pédagogique équilibré, puis de le tester auprès d’apprenants (puis de le faire évoluer si besoin). Ne jamais oublier que chaque marche de l’escalier est un choix (et donc un enfermement, un renoncement à tout expliquer).
- Tout formateur qui utilise la taxonomie de Bloom révisée doit se restreindre à ne pas viser trop vite les niveaux supérieurs de celle-ci. Il est nécessaire d’insister sur la compréhension avant de se lancer dans l’analyse ou l’évaluation.
Second article (suite) sur le sujet : article 2/2
Ressources (Articles en langue anglaise) sur le sujet :
« Here’s What’s Wrong With Bloom’s Taxonomy »

Tout équilibre est précaire.