En formation, la notion de rythme est bien souvent abordée selon 3 axes :
- Le rythme de formation (i.e. l’alternance de cours et de stages, de théorie et de pratique, de présentiel et de distanciel …)
- Le rythme d’apprentissage (i.e. l’escalier pédagogique, le fait de laisser du temps au temps, de s’adapter aux apprenants …)
- Le rythme biologique (i.e. la chronobiologie adaptée à la formation, l’importance de faire des pauses et de tenir compte de la difficulté que nous avons tous « simples êtres humains » à maintenir notre attention très longtemps …)
Un quatrième axe (que je trouve très intéressant) est plus rarement abordé : le rythme perçu en formation. C’est-à-dire la dimension rythmique ressentie par chacun, de ce « mouvement » qu’est la formation.
Car apprendre, c’est être en mouvement. Un mouvement vers le haut en terme de compétences (on passe d’un niveau de compétence A à une niveau de compétence B, supposé plus élevé). Et un mouvement permanent de la mémoire (Apprendre est un dialogue permanent entre présent et passé, entre savoir et connaissances nouvelles, entre oubli, mort et renaissance).
Et la durée de ce « mouvement de formation » est une durée ressentie. Certains apprentissages se font rapidement (« Je n’ai pas vu le temps passé ! ») et d’autres sont beaucoup trop lents (« La journée m’a parue longue, interminable »).
Mais comment le formateur peut-il « accélérer » ou « ralentir » le rythme perçu de la formation ? Et comment « donner du rythme » à sa formation ?
Il est possible de jouer sur la respiration et le choix des objectifs pédagogiques (voir article à ce sujet) ou d’augmenter le nombre des objectifs pédagogiques abordés dans un temps donné (la journée par exemple). Mais cette dernière approche a ses limites, avec le risque de survoler le sujet ou de ne pas ancrer les connaissances abordées…
D’après mon expérience de formateur, voici 4 autres pistes à privilégier :
- Densifier l’instant, faire sens, permettre à chacun de vibrer autour du savoir qui est en jeu. Ce qui suppose de mobiliser l’attention de tous et d’échanger. L’activité d’évaluation formative que l’on anime en fin de séquence pédagogique s’y prête généralement assez bien.
- Laisser libre cours à la créativité individuelle et collective. Car « entrer en création » est certainement la meilleure des recettes pour « se réapproprier le temps » et donc pour oublier qu’il pèse parfois et nous enferme bien souvent.
- Donner de la verticalité au temps (en opposition à l’horizontalité du temps qui passe). A l’image de ces séquences pédagogiques où l’apprenant peut creuser le sujet, échanger avec ses pairs et consulter (à son propre rythme) les liens et les ressources pédagogiques qui font sens à ses yeux.
- Adopter une approche épicurienne, basée sur le plaisir de l’instant. Faire naître du plaisir et favoriser la prise de « conscience de soi » et de cet instant unique et magique où l’on se sent « savant et vivant ».
Et pour ceux que le sujet intéresse, je recommande les idées de lecture suivantes :
- Gaston Bachelard : « la densité singulière d’un instant ». La perception de l’instant, la lumière de la bougie (la flamme d’une chandelle) en opposition à celle d’une lampe.
- René Char : trouver du nouveau, trouver « l’instant novateur ».
- Stéphane Partiot : « la notion du temps chez Gaston Bachelard. »
- Marcel Proust (le temps retrouvé) : « Une heure n’est pas une heure. C’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats. »
- Pascal Roquet : le « temps discontinu, créatif » en opposition au temps horloge. Opposition et complémentarité des dimensions macro, méso et micro-temporelle.
