On ne peut pas dresser de parallèle historique exact entre le concept d’objectif pédagogique (apparu en France dans les années 60) et l’émergence des différents courants pédagogiques.
Le béhaviorisme a émergé au début du vingtième siècle, le cognitivisme dans les années 50 et le constructivisme dans les années 70.
Néanmoins, il est intéressant de comprendre en quoi ces courants (à connaître quand on est formateur) ont progressivement impacté le concept d’objectif pédagogique.
Le courant behavioriste (le comportementalisme, en français)
Les objectifs pédagogiques (OP en tant que concept) sont nés alors que ce courant (le béhaviorisme) était dominant.
- les OP sont précis, observables et formulés en termes de comportements attendus
- l’évaluation se fait par rapport à l’atteinte ou non des comportements ciblés
- les conditions de réalisation (règle de Tyler) sont à préciser
- l’accent est mis sur la performance (Daniel Hameline) et sur le résultat final (avec des critères de réussite)
Le courant cognitiviste
Avec le cognitivisme, les objectifs évoluent pour intégrer les processus mentaux (perception et traitement de l’information) :
- les OP visent la compréhension et plus seulement la performance (par exemple, l’apprenant doit pouvoir expliquer sa démarche intellectuelle)
- on s’intéresse aux stratégies cognitives mises en œuvre par l’apprenant (et notamment à la métacognition)
- avec les travaux de Benjamin Bloom les OP incluent le développement de capacités « hautes » de type analyse, évaluation et synthèse
- l’évaluation de l’OP porte aussi sur la démarche (et pas uniquement sur le résultat)
Le courant constructiviste
Dans l’approche constructiviste, l’apprenant est acteur de son apprentissage et les OP deviennent plus flexibles :
- ils peuvent être négociés avec les apprenants et peuvent donc évoluer d’un individu à l’autre (personnalisation plus forte)
- on vise autant le développement de compétences cognitives que l’acquisition de connaissances isolées (Anderson)
- il est possible d’expérimenter avec les apprenants un niveau dans la taxonomie de Bloom (ex : le niveau 3 appliquer) pour renforcer le niveau du dessous (dans notre exemple : le niveau 2 comprendre)
- l’auto-évaluation par l’apprenant lui-même prend de l’importance
Le courant socioconstructiviste
Ce courant qui fait la part belle au collectif et aux interactions, renforce de nouveaux aspects :
- les OP intègrent explicitement les interactions sociales (on va favoriser les travaux en sous-groupes, la pédagogie renversée)
- on vise régulièrement le développement de compétences collaboratives
- la co-construction des savoirs peut devenir un objectif en soi
- l’évaluation (formative notamment) prend désormais en compte la dimension collective de l’apprentissage (importance du questionnement au sein du groupe, apprentissage par les pairs)
En tant que formateur d’adultes, il est important de connaître ces évolutions pour adapter la rédaction de ses objectifs pédagogiques aux besoins actuels ; et notamment en intégrant les dimensions de collaboration, de réflexivité et de transfert des apprentissages.
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